Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Aujourd’hui, 4 février, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se joint au reste de la communauté internationale pour célébrer la Journée mondiale contre le cancer. Le thème retenu pour l’édition de cette année, à savoir « Unis par l’unique », nous rappelle que chaque expérience du cancer est importante et qu’une action collective est essentielle pour que chaque personne puisse accéder à des soins compatissants et équitables.
Dans la Région africaine de l’OMS, plus de 900 000 nouveaux cas de cancer et plus de 580 000 décès causés par un cancer ont été recensés en 2022 seulement, preuve que la maladie continue de poser un problème de santé important et urgent partout sur le continent.
Le cancer du col de l’utérus reste la principale cause de mortalité liée à un cancer chez les femmes dans la Région, représentant plus de 22 % des décès par cancer, tandis que le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué. Chez les hommes, le cancer de la prostate est le plus répandu et en augmentation.
Si des mesures urgentes ne sont pas prises, les décès par cancer en Afrique pourraient augmenter de plus de 70 % d’ici à 2040.
Derrière chaque statistique se cache une histoire personnelle. J’ai perdu une tante bien-aimée à cause d’un cancer du col de l’utérus – une perte qui a renforcé ma détermination à faire en sorte que la prévention et les soins atteignent toutes celles et tous ceux qui en ont besoin.
J’ai raconté cette histoire pendant la soixante-quatorzième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique, l’année dernière, lorsque nous avons organisé une manifestation parallèle inspirante au cours de laquelle des survivantes du cancer du col de l’utérus ont appelé à élargir la vaccination contre le papillomavirus humain, ainsi que le dépistage et le traitement de ce cancer.
L’année dernière également, lors de la première Conférence internationale sur PEN-Plus en Afrique (CIPPA) qui s’est tenue en République-Unie de Tanzanie, nous avons été inspirés par une personne qui a survécu à un cancer pendant son enfance et a indiqué comment son expérience le motive dans sa mission qui est d’élargir l’accès aux soins. De même, pendant le mois de la sensibilisation au cancer du sein, des jeunes survivantes du cancer du sein et leurs familles ont partagé des récits bouleversants sur leurs luttes et sur leurs triomphes.
Ces voix nous rappellent que la prise en charge du cancer n’est pas seulement une question de chiffres : elle concerne des personnes, des familles et des communautés.
Le cancer de la prostate, le cancer colorectal et le cancer du foie (qui est généralement lié à l’hépatite virale) nécessitent eux aussi une attention urgente. Le cancer du foie est l’un des cancers les plus meurtriers dans la Région non seulement parce qu’il est souvent diagnostiqué à un stade tardif, mais aussi à cause d’un accès limité au traitement. Pourtant, il existe une capacité importante à tirer parti des initiatives existantes telles que les programmes de vaccination contre l’hépatite B.
De même, le cancer colorectal est en augmentation, en particulier dans les populations plus jeunes, tandis que des interventions ciblées s’avèrent nécessaires pour lutter contre le cancer de la prostate. Ces actions doivent porter essentiellement sur la sensibilisation, sur la détection précoce et sur la prestation de services adaptés aux populations à risque afin de garantir un accès équitable aux soins.
Cela passe par la collaboration avec des partenaires et des initiatives mondiales axées sur la transformation telles que l’Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l’enfant (GICC), l’Initiative mondiale de lutte contre le cancer du sein (GBCI) et l’Initiative pour l’élimination du cancer du col de l’utérus.
Nous exhortons les États Membres, la société civile et les partenaires à agir maintenant. Il est en effet primordial d’élargir l’accès aux tests de l’ADN du papillomavirus humain pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, d’accroître la détection précoce du cancer du sein et du cancer de la prostate, et d’améliorer le diagnostic et le traitement rapides du cancer du foie et du cancer colorectal.
Nous devons également renforcer les systèmes de santé pour garantir des soins financièrement accessibles et de qualité contre le cancer, et nous devons investir dans des campagnes d’éducation visant à réduire la stigmatisation, à encourager la vaccination contre le papillomavirus humain et à encourager le diagnostic précoce.
Les survivantes et survivants du cancer et leurs familles jouent un rôle essentiel dans le plaidoyer et dans l’élaboration des politiques. Leurs expériences vécues offrent des informations précieuses qui peuvent façonner des systèmes de santé centrés sur le patient.
J’encourage les dirigeantes et les dirigeants de la Région à adopter les outils de l’OMS reposant sur des bases factuelles, notamment les « meilleurs choix » actualisés pour la lutte contre les maladies non transmissibles, afin d’appliquer des solutions durables et d’un bon rapport coût-efficacité. L’intégration de la prévention, du dépistage, du traitement et des soins palliatifs du cancer dans les services de santé au sens large sera déterminante pour combler les lacunes en matière de soins.
Nous avons toutes et tous un rôle à jouer. Ensemble, nous pouvons créer un avenir où les soins du cancer sont accessibles à toutes et à tous et où personne n’est laissé de côté.
En savoir plus :
- Trois pays africains lancent une initiative pilote pour améliorer les soins des cancers du col de l’utérus et du sein
- Rapport de situation sur le cadre régional pour la mise en œuvre de la Stratégie mondiale visant à accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique
- WHO AFRO Investment Case Series: Accelerating Cervical Cancer Elimination in Africa
- WHO supports development of child and adolescent cancer control strategy in Uganda
- Mauritius strives to reduce barriers to life-saving preventive services and awareness-raising to fight cancer