Ouagadougou – « Je viens pour faire vacciner mes deux enfants pour les protéger de la fièvre typhoïde », dit clairement Adissa*, dans une file d’attente au Centre de santé et de Promotion sociale (CSPS) de Yambassé, dans le district sanitaire de Manga.

La mère de famille est déterminée à faire vacciner ses enfants car l’année dernière elle a failli perdre sa fille de 11 ans. « Elle souffrait atrocement des maux de ventre et de tête, heureusement les agents de santé l’ont rapidement prise en charge. J’avais eu très peur. » 

Au Burkina Faso, selon l’annuaire statistique 2020 du Ministère de la santé, les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes (cas suspects) dans les centres médicaux et les hôpitaux figurent parmi les 10 principaux motifs de consultation. Dans les formations sanitaires de base, la fièvre typhoïde a été le 3ème motif de mise en observation et la 8ème cause de décès. Selon les estimations de l’étude GBD (Global Burden of Diseases) 2019, le pays aurait enregistré en 2019 au moins 80 672 cas de fièvre typhoïde (356 cas pour 100 000 habitants) dont 1 530 décès.

Selon le Ministère de la santé, il est constaté une émergence et une propagation accélérée de souches de S. Typhi résistantes aux antimicrobiens. La typhoïde pharmaco-résistante est plus difficile à traiter et implique des options de traitement plus coûteuses et moins accessibles. 

En tant que maladie évitable par la vaccination, la fièvre typhoïde peut être évitée grâce à la vaccination notamment avec le vaccin anti typhoïdique conjugué (VTC). Ainsi, le Ministère de la santé a introduit le vaccin contre la fièvre typhoïde dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV). Les enfants seront vaccinés contre cette maladie à partir de neuf mois afin d’en être protégés. « C’est un vaccin qui est sûr, efficace et qui protège les enfants qui auront bénéficié d’une dose. Selon nos estimations, même 5 ans après la vaccination, il y a encore 80 % d'immunité conférée aux enfants qui auront reçu ce vaccin », a indiqué le Ministre de la santé, Dr Robert Jean Claude Kargougou lors du lancement de la campagne de vaccination de rattrapage des enfants de 9 mois à 14 ans. En effet le vaccin anti typhoïdique conjugué est un vaccin sûr et efficace recommandé par l’OMS pour la prévention de la fièvre typhoïde. 

Cette introduction a été précédée d’une campagne de vaccination qui s’est déroulée du 23 au 29 janvier 2025. Pendant une semaine, plus de 10 millions d’enfants ont été vaccinés dans les 70 districts du pays. 

Avec cette campagne de vaccination, le Burkina Faso est le premier pays francophone dans la Région africaine de l’OMS à introduire le vaccin contre la fièvre typhoïde dans la vaccination de routine. « Je suis extrêmement fière du travail que nous avons accompli pour introduire le vaccin contre la fièvre typhoïde au Burkina Faso. De nombreux autres pays sont dans le processus de prise de décision », a déclaré la Dre Christelle Neya, Directrice de la prévention par la vaccination. Le vaccin contre la fièvre typhoïde qui est utilisé au Burkina Faso est l’un des deux vaccins conjugués sûrs et efficaces recommandés par l’OMS pour la prévention de cette maladie chez les personnes âgées de plus de 6 mois. « Orientés par les preuves solides de l’innocuité et de l’efficacité de ce vaccin, nous sommes sûrs qu’il permettra d’éviter de nombreux cas de fièvre typhoïde et de nombreux décès pour les décennies à venir », a-t-elle ajouté.

Pour réussir cette campagne de vaccination et l’introduction du vaccin dans le PEV de routine, le Burkina Faso a bénéfié de l’appui technique et financier des partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF, Gavi, l’alliance du vaccin, et JPIEGHO (Programme Johns Hopkins pour l'éducation internationale en gynécologie et obstétrique) qui ont accompagné le pays dans le processus.

« Aucun enfant ne devrait plus mourir ou souffrir d’un handicap à cause d’une maladie évitable par la vaccination », a souligné le Dr Seydou O. Coulibaly, représentant de l’OMS au Burkina Faso. « L’OMS est déterminée à accompagner le Burkina Faso à protéger ses enfants par la vaccination. »

* Nom d’emprunt