Sierra Leone : Apprendre à vivre en couple quand l'un des partenaires est séropositif

Sierra Leone : Apprendre à vivre en couple quand l'un des partenaires est séropositif

« En 10 ans de vie avec le VIH, mon plus grand appui vient de mon partenaire séronégatif »

Jane* était enceinte lorsqu'elle a découvert qu'elle était séropositive en 2008. Elle se souvient s'être sentie dévastée. « J’étais totalement préoccupée par des craintes concernant mon état de santé, dont je ne connaissais presque rien d'autre que les divers mythes, les idées fausses et la stigmatisation entourant la maladie », dit-elle.

La stigmatisation en particulier était sa plus grande peur. « Heureusement pour moi, en 10 ans de vie avec le VIH, mon plus grand appui vient de mon partenaire séronégatif ; c’est la personne la plus courageuse que j'ai jamais connue », souligne-t-elle avec un sourire.

Jane avait 21 ans et était encore étudiante lorsqu'elle est tombée enceinte. Elle et son petit ami, John*, alors âgé de 26 ans, étaient heureux de la nouvelle. « John et moi avons célébré la grossesse, planifié les meilleurs soins et une bonne vie pour notre enfant. Donc, j'ai eu le meilleur soutien qu'un homme puisse donner à sa partenaire enceinte. En fait, nous étions enceintes ensemble parce qu'il semblait en savoir plus que moi sur la grossesse », se rappelle Jane.

Le jeune couple était déterminé à préserver une bonne santé pour la mère et l'enfant tout le long de la grossesse. Ils n'ont donc pas perdu de temps pour faire leur première visite prénatale dans une maternité de Freetown.

C'est alors que Jane a appris qu'elle était séropositive. John s'est avéré négatif au test de dépistage de la maladie, bien qu'il ait tardé à en parler à Jane de peur que la situation ne cause trop de stress et n'affecte la grossesse encore embryonnaire.

Rester ensemble et réduire les risques

Selon le Dr Oluyemisi Akinwande, spécialiste du VIH au bureau de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Sierra Leone, dans un couple il est possible qu'un partenaire soit séropositif alors que l'autre ne l'est pas. On parle alors d’un « couple sérodiscordant ».

A travers le monde, jusqu'à 50 % des personnes séropositives qui entretiennent des relations durables ont des partenaires séronégatifs, selon l'OMS. En Sierra Leone, 2,6 % des couples qui cohabitent sont sérodiscordants, selon les résultats de l'Enquête démographique et de santé de 2013.

« Il est également possible pour des couples sérodiscordants d'avoir des enfants séronégatifs. Pour maximiser la probabilité de donner naissance à un enfant séronégatif chez un couple sérodiscordant, le partenaire séropositif doit prendre une combinaison efficace d'antirétroviraux et avoir une charge virale supprimée », souligne le Dr Akinwande.

Mais ce qui se passe dans de nombreuses situations, c'est qu'une personne séropositive ne divulgue pas sont statut à son partenaire par crainte de le perdre. Beaucoup ne savent donc pas le statut de leur partenaire. Le manque de divulgation augmente le risque entre partenaires et peut entraîner un nombre important de nouvelles infections du VIH parmi les couples sérodiscordants.

Jane et John sont un exemple idéal de la façon dont l'honnêteté dans une relation mène à une diminution du risque et à la satisfaction des attentes en tant que couple, y compris le mariage et l'accouchement.

Lorsque John a révélé à Jane qu'il était séronégatif, sa réaction a été mitigée. Elle se souvient s'être sentie heureuse pour lui, mais que le bonheur a été de courte durée. Elle se sentait anxieuse et craignait que John ne la quitte. « Mais j'avais complètement tort », dit-elle.

Rendre les conseils et les traitements gratuits

En plus de suivre le régime de prise de médicaments qui lui ont été prescrits, Jane a été mise sous traitement pour maintenir sa charge virale à un faible niveau. Le couple a aussi adopté des protections pour éviter la transmission du virus à John. Ils sont reconnaissants pour les conseils qui leurs ont été prodigués dans le cadre du programme gouvernemental de réponse au VIH.

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l'ONUSIDA, l'OMS et d'autres partenaires aident le ministère de la Santé et de l'Assainissement de la Sierra Leone à fournir des services adéquats, gratuits et confidentiels de conseil et de dépistage du VIH dans plus de 60% des établissements sanitaires publics du pays. Ces services incluent un volet pour les couples comme Jane et John.

Jane et John indiquent que les conseils reçus étaient très utiles pendant les premières années parfois difficiles de leur vie commune, quand le couple apprenait à vivre avec le VIH. Ils ont vécu aussi des périodes de déceptions amères. Comme John l'avait craint, Jane a fait une fausse couche peu après avoir appris qu'elle était séropositive.

Quelques années après la fausse couche, le couple s'est marié. « J'ai pleuré de joie le jour de mon mariage, et seuls John et moi savions pourquoi », dit Jane.

Puis, après presque huit ans à essayer de concevoir de nouveau, Jane est tombée enceinte. Avec les soins appropriés, l'enfant est né sans VIH grâce au programme agressif mais standard de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME).

Géré par le ministère de la Santé et de l'Assainissement de la Sierra Leone dans les centres de santé du pays, le programme de PTME veille à ce que le traitement antirétroviral soit administré le plus tôt possible aux femmes enceintes vivant avec le VIH pour prévenir la transmission du virus à leur enfant.

La Sierra Leone est l'un des 16 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre où l'OMS travaille intensément à améliorer la riposte au VIH. Les pays de la région sont à la traîne en ce qui concerne la couverture du traitement du VIH. En effet, 40 % de toutes les personnes vivant avec le VIH ont accès au traitement, contre 54 % dans les pays d'Afrique orientale et australe.

La Sierra Leone met en œuvre la politique « Treat All » (prodiguer des soins à tous) de l'OMS, selon laquelle tous ceux dont le test de dépistage du VIH est positif reçoivent gratuitement un traitement antirétroviral.

Comment le bonheur se matérialise

« Il vous arrivera toujours de bonnes choses si vous réagissez positivement à votre situation et aux circonstances. Pour nous, la naissance de notre enfant est un miracle rendu possible parce que nous sommes restés concentrés, même dans ce qui semblait être le pire moment de notre vie », se souvient Jane. Après une décennie passée ensemble, Jane et John ont renforcé leur relation. John reste séronégatif et s'engage à donner à son épouse le meilleur soutien possible.

« Nous avons un enfant en bonne santé et une relation tout à fait normale. Nous avons tous les deux programmé des alertes sur nos téléphones pour me rappeler de prendre mes médicaments, et John participe pleinement à mon traitement. C’est une personne spéciale et bénédiction pour moi. Notre fillette est notre nouvelle source de bonheur », conclut Jane.

* Jane et John sont des pseudonymes pour protéger leur identité.

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